Il y a bien la promesse des stickers collés aux murs de ce logement témoin : « remplacement des fenêtres », « pose d’un store ». Fiona, Anaïs, Ingrid, Thelma et Lulu n’y prêtent aucune attention, attentives à la mise en place du décor de leur pièce. Dans quelques instants, les premiers locataires inscrits pour assister à la représentation de « droit de visite », pièce écrite et mise en scène par Alexandra Badea, vont arriver.
Ils n’auront pas à trouver place parmi les gradins. Ils seront au plus proche des comédiennes, quasi comédiens eux-mêmes. Du moins actifs. Car « droit de visite » met en scène, un parloir de prison. 5 pour être précis comme autant de spectateurs qui viendront prendre place, sur leur chaise, de l’autre côté du plexiglas, face aux comédiennes.
Cette pièce est née du confinement de 2020 et de la nécessité de résister à l’isolement imposé.
Cette pièce est née du confinement de 2020 et de la nécessité de résister à l’isolement imposé. Ses personnages, contraints, se libèrent alors, soudainement, dans un flux de paroles, voguant entre le souvenir et le très intime. Le spectateur est invité à passer d’un parloir à un autre. Un itinéraire en 5 étapes, chaque fois face à une nouvelle comédienne.
Une pièce de théâtre au sein de deux logements de cette résidence
« C’est aujourd’hui la dernière représentation. Nous avons joué au sein de médiathèques, de jardins partagés, d’une communauté thérapeutique et aujourd’hui nous voici dans ces deux appartements, au sein de cette résidence de Paris Habitat » raconte Fleur Palazzeschi, chargée des relations avec les publics au théâtre de la Colline. Les portes, ouvertes sur le palier, laissent entendre les allées et venues dans l’immeuble, le brouhaha des logements voisins.Les vidéos Paris Habitat
« Droit de visite »
5 parloirs
Derrière leurs vitres en plexiglas qui miment celles du parloir, le premier spectateur prend place. Silences d’abord, puis, au bout d’un regard intense, la comédienne se lance, déversant sa charge. Les réactions des spectateurs diffèrent. Leur démarche est volontaire et s’asseoir à leur place tient d’une forme de prise de risque. Il y a ceux, impassibles, qui écoutent le monologue. Et ceux qui tentent, au détour d’une respiration, de participer. Jean Baptiste, l’un des spectateurs, en ressort épuisé. « C’était un dialogue fait de regards, d’émotions. Paradoxalement, ce plexiglas qui habituellement sépare les gens, ici les rapproche, sous l’effet des paroles échangées » explique-t-il.
Les vidéos Paris Habitat
« Droit de visite »
Fiona Medjahed, comédienne
Rapprocher le théâtre de nos locataires
Le théâtre de la Colline, à l’origine du montage de cette pièce, est l’un des six théâtres nationaux, au même titre que la Comédie-Française. Implanté dans le 20e arrondissement, il est dédié à la création théâtrale contemporaine et prône « l’hospitalité et l’ouverture à la jeunesse ». Or « Paris Habitat a comme volonté de contribuer au rapprochement entre ces œuvres et ses locataires, de faire venir jusqu’à eux, le théâtre. Pour cela, nous favorisons les soutiens financiers et dans le cas de cette pièce, la mise à disposition d’espaces » explique Elena Ragain, chargée de développement local à Paris Habitat. Car l’établissement, en tant qu’opérateur global, s’inscrit au cœur des territoires. Allant au-delà de ses missions, il contribue au dynamisme des quartiers et à la ville de demain.Crédit photo de Une : Tuong-Vi Nguyen