Il y a eu un avant et un après. Les logements relevaient jusque-là uniquement du marché, hors de la compétence des pouvoirs publics. La loi Siegfried a permis au contraire la mise à disposition de logements à prix social : les Habitations bon marché. Construites principalement à l’emplacement des anciennes fortifications de Paris, sur les actuels Maréchaux, elles parent la capitale de leurs très identifiables pierres rouges. Les HBM permirent alors de réduire les bidonvilles en portant des visées hygiénistes et sociales. Paris Habitat est aujourd’hui l’héritier de cette longue tradition.
Propriétaire de 40 830 de ces logements HBM, sur les 58 500 que comptent Paris, l’Office priorise dans le cadre de son Plan stratégique du patrimoine (PSP 2019-2028) leur réhabilitation. Dans le cadre de l’ensemble de ces opérations d’amélioration du patrimoine existant soutenues par un budget de 1,5 milliards d’euros, ce sont près de 27 000 logements HBM qui sont et seront réhabilités dont plus de 13 500 pour des travaux lourds. Il s’agit en concertation avec les locataires, de les adapter aux défis énergétiques et climatiques ainsi qu’aux usages actuels.
Concrètement, ces projets prévoient l’isolation thermique par l’intérieur pour tenir compte de la qualité architecturale du bâti. Celle-ci est réalisée avec des matériaux perspirants et biosourcés pour permettre un meilleur transfert d’humidité. L’ensemble des fenêtres sont changées pour des fenêtres en bois/aluminium tout comme les portes palières également remplacées pour un meilleur confort d’hiver. Le confort d’été étant également priorisé, des occultations sont également mises en place. L’enjeu est également de travailler sur la qualité de l’air, d’intervenir sur les sources d’énergie, de raccorder au réseau de chaleur et de développer les énergies renouvelables. Concernant la qualité d’usage, le confort des logements est amélioré avec la réorganisation des intérieurs, la rénovation des pièces humides, leur mise en peinture, Selon les situations, du logement spécifique peut être prévu pour intervenir sur l’occupation avec du logement étudiant mais aussi du logement inclusif. Enfin, la qualité de service et les espaces extérieurs sont également améliorés. L’intervention concerne alors le développement de nouveaux services dédiés aux locataires et le développement de la végétalisation.
La récente conférence organisée le 3 décembre, par le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE), abordant la question de l’évolution du logement social et les enjeux de rénovation, s’est plus particulièrement intéressée à la question de l’avenir de ces HBM. Jacques Baudrier, adjoint à la Maire de Paris en charge du logement et de la transition écologique du bâti et président du CAUE de Paris et Laurence Duffort, sa directrice, ont accueilli Marie-Jeanne Dumont, architecte et historienne, Hélène Schwoerer, directrice générale adjointe en charge de la maîtrise d’ouvrage de Paris Habitat et Xavier Brunnquell, architecte, pour en débattre. Questionnant les besoins et les ambitions d’origine, les interrogeant au prisme de ceux d’aujourd’hui, les intervenants ont également abordé les objectifs d’adaptation aux enjeux écologiques.
L’occasion pour Hélène Schwoerer de mettre en perspectives la stratégie de l’Office pour la réhabilitation et les efforts continus pour en améliorer le confort du parc. "Nous avons le privilège de travailler sur des bâtiments très anciens qui sont un témoin de l’histoire du logement social à Paris. Disposant plutôt des HBM dits ordinaires, avec des logements petits, construits à l’origine sans salle d’eau, ils nous rappellent aussi notre mission initiale : loger les plus démunis", rappelle-t-elle.