Depuis août 2023, Paris Habitat et l’association Caracol ont mis en place 9 colocations au cœur de la résidence rue de l’Ourcq (19e). Rassemblant réfugiés, jeunes actifs et étudiants, ces logements s’inscrivent dans un dispositif intercalaire qui valorise des logements en attente d’une opération de réhabilitation.
C’est au fond de la résidence et au 5e étage, que Nadir 31 ans et Cynthia 33 ans nous accueillent dans leur colocation. Ils y résident depuis presque 6 mois aux côtés de deux étudiants. Collègues de travail et amis à la ville, cette colocation était une évidence pour eux :
« Avant j’étais professeur mais lorsque j’ai dû quitter mon travail, je me suis retrouvé dans une situation précaire. Je ne pouvais plus payer mon loyer. Je suis retourné quelque temps chez mes parents. C’est à ce moment-là que Cynthia m’a parlé de Caracol », explique Nadir. Cynthia quant à elle, a dû quitter son logement pour des raisons personnelles. « J’avais également envie de vivre cette expérience et de me retrouver aux côtés de personnes partageant les mêmes valeurs que moi ».
Face à la crise du logement et notamment celle qui touche les étudiants, Paris Habitat en partenariat avec Caracol offre à des personnes de cultures et milieux différents cette solution temporaire de mise à disposition de surfaces vacantes sur des sites promis à une opération de maîtrise d’ouvrage.
Ici, à Ourcq, ils sont 29 locataires à s’être lancés dans cette aventure, dont 11 étudiants issus du partenariat entre Caracol et le campus mode métiers d’art et design. La colocation propose ainsi à des étudiants de vivre aux côtés de jeunes actifs, de réfugiés au sein de ces colocations multiculturelles. Il s’agit d’une opportunité pour leur permettre une stabilité et un confort de vie pour au moins un an.
De plus, la colocation à Ourcq est un véritable lieu d’artistes, entre danseurs, peintres ou encore musiciens, il y en a pour tous les goûts. Elle est aussi l’occasion pour eux d’oser et de concrétiser certains de leurs projets. « Nous avons une colocation qui est créative. Je participe à des projets musicaux aux côtés de rappeurs que je partage avec eux. J’ai un coloc qui va peut-être me faire un clip pour une musique ou encore avec Cynthia, on aimerait développer des ateliers pour les jeunes dans la résidence, parce qu’ici il y a beaucoup d’enfants qui aiment le rap », se réjouit Nadir, qui peut enfin se consacrer à ses projets.
Aujourd’hui, Nadir et Cynthia s’estiment chanceux de bénéficier de ce dispositif et ne regrettent pas leur décision. « J’avais quelques craintes. Je suis quelqu’un de solitaire et vivre avec des étudiants qui ont 10 ans de moins que nous, ça peut faire peur mais finalement tout va bien, on a une communication très saine », affirme Cynthia. « Grâce à ce dispositif, on retrouve espoir. Ici je paye 300 euros de loyer tout en pouvant mener mes projets artistiques. C’était inespéré », témoigne Nadir le sourire aux lèvres.
Temps d’échange pour que les futurs locataires se rencontrent, ateliers de vivre ensemble, chantiers participatifs : tout est pensé pour encourager la convivialité et la sérénité du dispositif de colocation. L’avenir est également un enjeu essentiel de cette expérience. D’ici 7 mois, Cynthia et Nadir devront sans doute quitter leur logement. « Cette expérience m’a vraiment servi de tremplin et permis également de souffler » confie Cynthia. Quant à Nadir, il avoue avoir un peu d’appréhension quant aux suites. Toutefois, à quelques semaines de la fin de la colocation, chaque locataire est accompagné pour son relogement. « J’ai un peu d’appréhension forcément. Pour ma part, Paris Habitat m’a contacté pour me proposer un logement social», précise Nadir.