Le téléphone ne cesse de sonner. Dans son logement de fonction, niché à quelques pas de la Caserne de Reuilly (12e), Éric Dranebois se démultiplie pour répondre aux sollicitations, nombreuses. Et si la crise sanitaire, exceptionnelle, a peu modifié le rythme de ses journées, ce gardien qui compte parmi les 1 161 opérant chez Paris Habitat, a néanmoins dû adapter ses missions au contexte de confinement. Avec une constante : maintenir une qualité de service au bénéfice des 170 résidents de la caserne. Le gardien demeure en effet le premier interlocuteur pour les résidents du patrimoine. Une tâche primordiale alors que Paris Habitat loge près d’un parisien sur neuf dans plus de 120 000 logements répartis à Paris et en proche banlieue. A fortiori dans le contexte actuel.
Néanmoins Paris Habitat a multiplié les consignes à leur intention afin de les protéger. Leur loge demeure à présent fermée et le télétravail est désormais privilégié. « Nous nous devons de veiller à la sécurité de nos collaborateurs et de nos locataires. Nos consignes doivent donc être respectées. Elles n’enlèvent rien à nos obligations de service et à notre devoir collectif de vigilance et de bienveillance » détaille Emmanuelle Copin, Directrice générale adjointe à Paris Habitat, en charge de la proximité et de la qualité de service.
Du côté des gérants, même son de cloche. « Les gardiens doivent travailler de chez eux et répondre par téléphone aux sollicitations. Ils ne peuvent se rendre sur site qu’à l’unique condition d’habiter à moins de 30 minutes » glisse Mélissa Poirot, gérante à l’agence Masséna (13e). Son agence fermée sur consigne de la direction générale de Paris Habitat, au même titre que les directions territoriales, elle suit au quotidien et avec attention le travail de ses 8 gardiens. « Chaque matin, je les appelle. Je leur demande d’abord de leurs nouvelles. Puis s’ils ont reçu des appels importants de leurs locataires. Je m’inquiète aussi des problématiques liées aux ordures ménagères : ont-elles été sorties, ont-elles été ramassées. Enfin, je les questionne sur les outils de travail dont ils disposent et leur état de fonctionnement, principalement leur ordinateur et leur téléphone portable. »
Une solidarité s’est aussi éveillée
Sur le terrain, Éric Dranebois applique donc ces consignes. « Nos loges sont en effet fermées. Dans le même temps, les locataires doivent savoir que nous sommes toujours là. Nous avons donc réaffiché nos numéros de portable dans tous les halls. Les gens sont rassurés de savoir qu’ils peuvent nous joindre » explique-t-il. A quelques encablures de là, Arnaud Barbe, gardien au sein du groupe Abel (12e) continue lui aussi de remplir ses missions auprès des locataires. « Nous nous sommes naturellement adaptés. Je ne vais plus au domicile des locataires, sauf urgence. Nous n’entretenons aujourd’hui plus aucun rapport physique avec les locataires. Une voisine est venue sonner chez moi, je n’ai pas ouvert mais nous avons discuté depuis nos fenêtres respectives. »
Ces missions concernent aussi la vie de la résidence. « Je continue à sortir quotidiennement les ordures ménagères par exemple. Pour ma part, je veille aussi à ce que mes logements vacants ne soient pas squattés et je fais ma ronde dans mes escaliers » continue Arnaud Barbe. Pourtant, dans ce groupe de 183 logements dans lequel Arnaud Barbe habite et travaille depuis 20 ans, une solidarité s’est aussi éveillée. « Les liens sont très forts avec les résidents. Respectant les consignes de confinement, nous nous appelons par téléphone régulièrement. Je demande des nouvelles particulièrement aux plus fragiles d’entre eux et je continue aussi à rendre quelques coups de main. » Car quelques initiatives personnelles, parties intégrantes des missions de ces véritables vigies de terrain, sont encore possibles. « Nous avons ici des personnes âgées et des personnes isolées. Hier encore, un monsieur m’a demandé si je pouvais aller lui chercher ses médicaments. J’y suis naturellement allé. Mais contrairement à d’habitude, à mon retour, j’ai accroché le sac à la poignée de sa porte, j’ai sonné et je suis aussitôt reparti. » Cette solidarité est également portée par les habitants eux-mêmes. Comme en témoigne ce papier accolé au mur d’un hall de la caserne de Reuilly. Une locataire y propose de faire les courses dont pourraient avoir besoin un voisin en situation de fragilité.