Premier bailleur public parisien avec un patrimoine de plus de 125 000 logements, Paris Habitat possède également l’un des plus anciens avec une moyenne d’âge de 74 ans. Riche et singulier, il entremêle les siècles et les réalisations architecturales, plongeant parfois au 17e siècle ou puisant également parmi les influences du 20e siècle.
Très tôt, l’établissement a donc dû poser la question de l’évolution de son patrimoine. L’enjeu a en effet été de l’adapter aux usages contemporains, d’anticiper également sur ceux à venir et de l’inscrire dans la ville de demain.
Valoriser l’existant et ses qualités
Cette stratégie s’est rapidement structurée autour d’une considération centrale. Posant un regard bienveillant sur ce patrimoine divers, il s’agissait de valoriser l’existant, de mettre en exergue ses qualités pour conserver ce paysage unique qui contribue à la qualité de la ville.
L’idée de faire la ville sur elle-même a toujours existé. Il en va ainsi depuis ses origines. Face à un tissu urbain en transformation, aux contraintes foncières inhérentes à la ville dense, Paris Habitat a fait évoluer ses manières de faire. Une vision renforcée par l’urgence climatique et ses engagements pour faire la ville neutre en carbone d’ici 2050.
Un programme ambitieux de réhabilitation du patrimoine
C’est dans cet esprit que Paris Habitat a développé une stratégie de réhabilitation de son patrimoine existant, notamment celui de ses habitations bon marché (HBM). Parfois centenaires, les HBM, cette ceinture de briques rouges construite dans l’entre-deux-guerres à l’emplacement des anciennes fortifications de la ville et destinée à réduire les bidonvilles, possède en effet une réelle qualité architecturale.
Caractéristique du paysage parisien, les HBM bénéficient d’une réflexion globale pour une revue complète intégrant les enjeux d’amélioration des performances thermiques, du confort, de l’usage des logements mais aussi l’accompagnement social des locataires et l’inscription à l’échelle du quartier de ces sites. C’est par exemple le cas de la résidence Alphonse Karr (19e), construite en 1924, pourvue de 600 logements et dont l’opération est étudiée au cours de l’exposition du Pavillon de l’Arsenal. Cette opération s’inscrit dans le programme ambitieux à hauteur d’1,5 milliards d’euros qui concerne au total 27 000 logements HBM dont 13 500 pour des travaux lourds.
Conserver, adapter mais aussi transformer
Cette préoccupation pour l’existant et pour une approche durable de la transformation urbaine se prolonge assez naturellement en engageant l’établissement à se positionner sur d’autres types de patrimoine, garages, bureaux ou anciennes casernes par exemple pour les faire muter.
Portant un regard sur le déjà-là, Paris Habitat interroge ainsi chaque fois, finement, comme un préalable, le recours à la démolition. Les qualités et spécificités architecturales sont autant d’opportunités pour inventer des formes d’habitat adaptées aux nouveaux usages aux attentes des habitants. La valeur patrimoniale de certains matériaux et composants sont autant d’opportunités pour éventuellement être réemployés.
Ces opérations de mutation formulent par ailleurs des réponses plus respectueuses de la ville, des riverains et de l’environnement avec autant de ressources en moins à apporter et de déchets générés.
Bureaux, casernes, parkings et tours…
La caserne d’Exelmans figure également à la programmation de l’exposition du Pavillon de l’Arsenal. Dédiée, à l’origine, aux logements de gendarmes, elle bénéficie actuellement d’un projet pour la transformer. Celui-ci, voulu ouvert sur son environnement et son quartier, doit permettre la création de 41 logements sociaux, de bureaux, d’une crèche, d’un centre d’hébergement et de stabilisation ainsi que d’une maison relai. Le projet repose sur la qualité architecturale de l’existant datant du début du 20e siècle. L’enjeu est de trouver des solutions techniques, respectueuses du patrimoine et les moins impactantes pour marier le bâtiment ancien avec l’exigence thermique et technologique contemporaine. Soit un dialogue fin avec l’existant.
Ce dialogue est également le fil rouge pour le programme de transformation de la Tour des Poissonniers (18e) également exposée au Pavillon de l’Arsenal. Construite en 1959, héritière emblématique de l’urbanisme vertical, cette ancienne tour de logements sociaux doit accueillir d’ici 2025, 157 logements pour des étudiants, des jeunes chercheurs et jeunes actifs ainsi qu’une résidence des arts installée dans son jardin. Ne pouvant être maintenue en l’état mais sauvegardée dans son entièreté, elle se révèle être un volume capable de muter. Elle offre l’opportunité d’hériter d’un plan de qualité, d’inventer un nouveau programme, intégrant d’éventuelles modularités, pour des publics spécifiques tout en s’inscrivant dans le renouvellement urbain des Portes du 18e.
Des projets coconstruits
L’ensemble de ces projets ont en commun d’impliquer les parties prenantes et au premier chef, les locataires, actuels ou futurs, ainsi que les riverains. Ce travail nécessaire, qui part de l’intérieur, vise à la définition même du projet, en lien avec les architectes.
Car à cette exigence de conserver, d’adapter ou de transformer, figure aussi parmi les priorités celle de co-construire plutôt que d’imposer. Paris Habitat entend faire la ville avec les habitants. Experts de leur cadre de vie, ils sont inclus à tous les stades des projets pour nourrir de leur expérience le projet et permettre de mieux répondre à leurs attentes.