"Je suis là", nous interpelle Paul, depuis sa fenêtre au 5e étage. Les vieilles pierres de la Cité Bonnier, une résidence centenaire, nous surplombent tandis que le jeune étudiant de 25 ans nous convie à monter chez lui. En Master 2 à Sciences Po Paris, Paul a eu l’opportunité, comme 35 autres étudiants actuellement, de disposer d’un logement dans cette Habitation bon marché (HBM) de 378 logements. Dans cette résidence, 21 logements ont été confiés par Paris Habitat, en intermédiation locative, à l’Association de coopération pour le logement des étudiants en France (Aclef), un collectif étudiant qui facilite l’accès au logement des étudiants. Cette mise à disposition concrétise le partenariat noué depuis 2017 entre la Ville de Paris, la préfecture de région Île-de-France et l’école Sciences Po Paris.
Paul habite ici depuis 2 ans. Le terme d’une pérégrination d’étudiant le menant dans une ville de province, lui le fils d’une famille habitant en Essonne, puis à Paris et qui lui vaut cette conclusion : "Mes conditions sont bien meilleures aujourd’hui."
"Tout cela n’a pas de prix", dit Paul, surtout à Paris où, sur les douze derniers mois, un étudiant paie en moyenne 919 euros par mois de loyer, charges comprises. Il lui en coûte, pour sa part, 550 euros charges comprises avant APL.
Paul a obtenu ce logement par l’intermédiaire de son école. Celle-ci a procédé, pour lui comme pour ses autres voisins étudiants de Sciences Po Paris, par sélection. Les étudiants présentent leur besoin, leur envie d’habiter spécifiquement ces lieux, et ce qu’ils souhaitent y apporter. Car la singularité du dispositif réside dans les contreparties que le locataire doit fournir. "Contre ce loyer modéré, nous nous sommes engagés à consacrer 4 à 5 heures par semaine en faveur d’un projet associatif", précise-t-il. Les actions de bénévolat peuvent ainsi concerner des cours de soutien scolaire au bénéfice des enfants de la résidence mais aussi des actions de sensibilisation au développement durable ou du soutien à des projets de transformation du quartier.
Paul, pour sa part, s’est engagé à donner des cours de soutien scolaire au sein du centre social des Rigoles (20e), voisin de sa résidence. Chaque semaine, il y retrouve des élèves en classes de primaire jusqu’au lycée. Tous habitent le quartier et viennent y faire leurs devoirs avant de rentrer chez eux. Dans la petite salle du centre, sous l’œil d’un animateur, Paul répond aux questions, les anticipe le plus souvent, interroge, fait réciter. L’un des élèves a, ce jour-là, un cours et quelques hésitations. "J’aime partager ce qu’on m’a appris, m’inscrire dans une démarche solidaire", évoque l’étudiant ravi.
Paul contribue ainsi à l’effort de dynamisation sociale et urbaine de la Cité Bonnier située en Quartier politique de la ville (QPV). Ce projet s’inscrit plus globalement dans le projet de réhabilitation de cette cité. Celui-ci poursuit l’objectif d’améliorer la vie des habitants, de valoriser ce patrimoine ancien et de désenclaver le site en le maillant au reste du quartier.
Cette stratégie patrimoniale s’articule avec un engagement pour proposer des solutions d’habitat à des publics spécifiques. Paris Habitat en tant que maitre d’ouvrage produit ainsi des résidences étudiantes confiées ensuite par sa filiale L’Habitation Confortable à la gestion du Crous. L’Office favorise également les partenariats. A l’image de celui avec l’école Sciences Po, d’autres ont été mis en place avec l’école Estienne ou l’Ecole supérieure de physique et de chimie de Paris (ESPCI) pour loger des étudiants sur le patrimoine. Enfin, Paris Habitat développe des dispositifs intercalaires. Ceux-ci consistent, sur des sites dans l’attente d’une opération de maîtrise d’ouvrage, à confier des logements à des associations en intermédiation locative, à l’image de l’association Caracol qui a pu mettre en place 9 colocations au sein de la résidence Ourcq (19e), rassemblant étudiants, jeunes actifs et réfugiés.