«Avec mes parents et mes sept sœurs, nous étions parmi les tous premiers à emménager » confie Simonne Ruiz dans un regard pétillant. « Nous habitions tous ensemble ce trois-pièces. » Cette fille d’artiste n’a jamais quitté cette résidence réalisée par l’architecte Emile Bois.
Pour ce double anniversaire, les habitants de la rue Abel ont décidé, aux côtés de Paris Habitat, de se retrouver, le temps d’une après-midi, dans la cour de la résidence.
Outre le vernissage des photos faites des habitants par le studio de photographie voisin, des jeux pour les enfants ont été proposés. Un concert à l’initiative de musiciens de la résidence a également eu lieu. Le tout s’est achevé par la venue de la fanfare d’Aligre puis un banquet.
Une journée pas comme les autres pour Simonne Ruiz et cette Habitation Bon Marché (HBM) inscrite aux Monuments historiques. Toutes deux épousent cette histoire de Paris. Elles sont le compagnon de route de l’autre, suivant leurs itinéraires respectifs et leurs évolutions. L’arrivée du chauffage dans les logements croisant l’arrêt du train à vapeur qui circulait sur la petite ceinture, sous les fenêtres. La création des salles de bain précédant l’arrivée de l’ascenseur s’est mêlée aux interventions d’entretien régulières.
Les HBM sont caractéristiques de l’identité parisienne. Ces immeubles ont été élevés à l’emplacement des anciennes fortifications de la ville. Ils figurent l’effort produit, à partir des années 1920, pour réduire les bidonvilles. Ils témoignent des visées hygiénistes et sociales alors poursuivies, offrant une architecture et un confort modernes.
Paris Habitat est l’héritier de cette longue histoire, patrimoniale, sociale, en étant aujourd’hui le premier propriétaire de ces immeubles emblématiques. 38 000 sur un total de 58 000 logements, à Paris, font en effet partie de son patrimoine. Près de 27 000 logements HBM ont intégré son plan stratégique du patrimoine (PSP) pour un budget de 1,5 milliard d’euros.
Ce programme d’amélioration du cadre bâti prévoit de les réhabiliter pour les adapter aux normes thermiques, d’usage et d’attente des habitants. C’est ainsi une revue complète de ces sites qui est souvent entreprise. L’enjeu ne se résume pas aux seuls enjeux architecturaux. La réflexion est globale. Elle vise à réinscrire ce patrimoine dans la ville bas-carbone en améliorant leurs performances thermiques pour lutter contre la précarité énergétique. Ces interventions sont aussi l’occasion d’améliorer le confort et l’usage des logements, d’intégrer les défis sociaux et l’accompagnement social des locataires en travaillant à l’échelle du quartier.
C’est le cas du HBM de la rue Abel. Inspiré de l’architecture flamande avec ses briques et pignons baroques, il est composé de 183 logements. Il bénéficie d’une opération de réhabilitation et d’amélioration de la performance thermique. Pour respecter ce patrimoine, les travaux d’isolation se font par l’intérieur. L’occasion de remettre ces logements centenaires aux standards actuels pour aborder leur prochaine vie.