Ces 3 prototypes sont le résultat d’une synergie entre différentes directions de l’établissement : la maitrise d’ouvrage et plus particulièrement son service habitat durable et la régie. Le résultat aussi de la transmission d’un savoir-faire. Celui des équipes de la régie de Paris Habitat auprès de 10 réfugiés et demandeurs d’asile, volontaires, encadrés par l’Association Aurore et logeant sur le site, dans le cadre du projet d’innovation sociale "Les Cinq Toits", dispositif d’habitat d’intercalaire. "Ce projet porte plusieurs objectifs dont celui de produire 159 meubles au total sur la base des 3 prototypes mais aussi celui d’impliquer les résidents", explique Alice Cluzeau, architecte et missionnée par Aurore pour piloter le projet de prototypage.
Tout a commencé lorsque Paris Habitat, "engagé en faveur du réemploi et de l’économie circulaire dans le cadre des opérations de construction et de réhabilitation", comme le rappelle Isabelle Quet Hamon, directrice services expertise et appui, a récupéré 300 portes palières. Celles-ci étaient toutes issues de plusieurs programmes de réhabilitation sur son patrimoine. Aux côtés de l’architecte Xavier Brunnquell, le projet se dessine alors de les réemployer et de les transformer pour les chambres du futur CHS. Le cadre est favorable. Par ailleurs, ils auront également disposé du prêt de machines et de matériels, "Une scie circulaire sur table, une raboteuse dégauchisseuse, une lamelleuse, des presses d’établi", égraine Didier Scherrer, responsable des ateliers de Paris Habitat. "Nous leur avons également proposé une forme de transmission et initiation au sein de notre régie pour d’abord apprendre à utiliser ces machines mais également pour lancer leur prototype. Par la suite, nous avons suivi le projet, les avons conseillés et orientés à chaque étape", poursuit-il.
Ceci via une convention établie avec le programme européen Charm. "Ce projet européen auquel Paris Habitat participe, valorise les matériaux chantier et a vocation à faire émerger une filière du réemploi des matériaux dans les opérations de réhabilitation et de construction neuve" précise I.Quet-Hamon.
Si un prototype existant d’armoire a en effet pu servir de point de départ à la jeune équipe, il a été nécessaire de lui apporter des modifications considérant aussi la nature des matériaux et l’état des portes palières. Les prototypes de la commode et de la bibliothèque, en découlant aussi, en adaptant dimensions et procédés d’assemblage. "Il s’agissait chaque fois de produire quelque chose de facile à manipuler, adapté à la situation du site mais aussi aux conditions de production qui pourrait par exemple être assurée par une entreprise d’insertion", précise Alice Cluzeau.
La finalisation des prototypes, initiés en septembre 2022, aura pris 6 mois. "Cela a été une expérience enrichissante. Je partais moi-même de loin n’ayant jamais fait ça mais nous avons tout appris patiemment", conclue Sharif, jeune réfugié afghan.
Exelmans qu’est-ce que c’est ?
Ce projet vise à la transformation d’une ancienne caserne de gendarmerie en 41 logements sociaux, des bureaux, une crèche de 26 berceaux avec une PMI, et, géré par l’association Aurore, un Centre d’Hébergement et de Stabilisation de 51 places ainsi qu’une maison relais de 23 places.
Dans l’attente du lancement des travaux, ce site fait l’objet d’un projet d’habitat intercalaire. "Dans le contexte actuel de tension sur le logement, cela n'a aucun sens de laisser des logements vacants" explique Marie-Pascale Arnaudet, cheffe de service Maîtrise d'ouvrage. "Entre la désignation de l'architecte, les études et la consultation des entreprises, il y a ainsi de nombreux mois de patience qui permettent à des associations d'agir, comme ici à Exelmans avec Aurore" conclut-elle.
L'association use en effet de ce site pour développer de nombreuses activités ouvertes sur le quartier. Un restaurant s'est installé. Un atelier de réparation de vélo, des artisans aussi, un compost et des animations sont organisés. Et surtout, l'association qui œuvre à l'accueil des migrants a ouvert les portes des logements du site à 350 d'entre eux.